samedi 8 novembre 2014

LA DISPARITION DES LUCIOLES



Seules la crasse de ma sueur
Les griffures de mes ongles
Gravées dans la lèpre des murs
Diront le désert du corps
Les cris d'un coeur en poussière

Et les battements du sang scandant inlassablement
La nuit au bout du vide du jour
Le jour au bout du vide de la nuit



Et l'ombre des cils zébrant le regard

Seuls barreaux à m'ouvrir un ciel
Choisir l'ombre ou la lumière
Dans le sombre, des lucioles
Dans le doré, la cendre
La déchirure du rêve ou le magma noir

Un papillon s'est posé sur mes yeux
J'ai pleuré sa caresse
Au réveil les larmes m'ont laissé le goût de la mer
Le papillon y était posé inerte
Sur ses ailes mon nom effacé

Dans l'aube sans lueur je contemple l'enfermement
La porte, le sol, les barreaux, le plafond, le mur
La porte, le sol, les barreaux, le plafond, le mur
Des cris, la peur, des cris, la peur, des pas






Au jour sans lumière je parcours le désespoir
En rond, en long, en large, en travers
En rond, en long, en large, en travers
8 pas 15 pas 8 pas 15 pas
Le béton sous les semelles, dehors ce serait
Du sable, de l'herbe, de la mousse peut-être
Des yeux se croisent, se gardent quelques secondes
Pour un soupir chaud au creux du ventre


Dans la nuit j'écoute la solitude

Mon souffle, le silence, la fracture d'un ronflement
Mon souffle, le silence, la fracture d'un ronflement

La clé dans la serrure, la clé pour le parloir? Pas de parloir
Mordre frapper jusqu'au bleu la main contre le mur
Le bleu enfin une couleur d'azur
Le bleu la couleur de tes yeux
Le bleu perdu interdit
Qui gratte les souvenirs jusqu'au sang


                                                             Kiat  Octobre 2014  

Composé lors de ma visite de l'exposition d'art contemporain  "LA DISPARITION DES LUCIOLES"
installée dans la prison désaffectée d'Avignon.


Echo:
« Images de pensée arrachées à ses tâches de mémoire ...»
« Si toute survie cherche une forme efficace où se lover, toute survivance doit construire d'autres genres de formes pour la transmission et la pensée de cette expérience... »

G. Didi-Huberman Essayer voir - Ed° de Minuit 2014